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Retour sur Le Grand Rendez-Vous de la Souveraineté alimentaire

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« La souveraineté alimentaire c’est de l’indépendance, de la protection et de l’identité. Elle doit être défendue et non pas donnée à d’autre. Il n’y a pas de pays fort sans agriculture forte et pour y accéder il faut sortir de ses dépendances, et pour ce faire il faut les identifier ».

Mardi 18 mai s’est tenu le Grand Rendez-vous de la souveraineté alimentaire, rendez-vous interactif qui  s’est ouvert par un discours de Pascal Cormery, président de la CCMSA, Jean-Luc Poulain président du CENECA ainsi que Julien Denormandie Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation qui a rappelé que : « La souveraineté alimentaire c’est de l’indépendance, de la protection et de l’identité. Elle doit être défendue et non pas donnée à d’autre. Il n’y a pas de pays fort sans agriculture forte et pour y accéder il faut sortir de ses dépendances, et pour ce faire il faut les identifier » :

  1. Dépendance aux importations : il faut relocaliser la production
  2. Dépendance à des systèmes de production qui ne respectent pas nos propres standards de production
  3. Dépendance aux changements climatiques : il faut renforcer la protection de nos filières
  4. Dépendance au fonctionnement des marchés économiques qui ne valorisent pas suffisamment la qualité de nos produits

Il a également précisé qu’il faut retrouver une compétitivité coût et hors coût (qualité environnementale ou nutritionnel), être raisonné et ramener la science au cœur des débats, ne pas mener une politique d’émotion et enfin il faut un renouvellement des générations.

Première table : Souveraineté alimentaire avons-nous le choix ?

Composée de François Bayrou, Dominique Chargé, Agnès Pannier Punacher, Sébastien Abis et Thierry Breton, cette table a été l’occasion débattre sur l’autonomie alimentaire. L’intérêt d’obtenir une meilleure organisation politique, collective, des maillons forts de la chaîne alimentaire, des consommateurs qui se rendent compte de la valeur de cette chaîne. L’intérêt du local pour affronter les crises et à la fois de l’international pour conquérir des marchés sur la base d’une qualité du produit et réinvestir grâce à la marge pour continuer à faire progresser la qualité et la compétitivité. Pour ce faire il faut se battre contre la concurrence déloyale, innover, une réciprocité des normes et toujours plus de contrôle. L’enjeu étant de retrouver un équilibre mondial par le Pacte vert par exemple, un plan Marshall de reconquête ou par le plan de relance (100 milliards d’euros). Il faut réellement se transformer pour être prêt pour 2030. Quatre objectifs : moderniser, décarbonner, relocaliser, innover. « Le plan agricole est un succès, il déborde de demande ».  

Deuxième table : Comment réussir le défi de la souveraineté alimentaire ?

Cette table était composée de Samuel Vandaele, Sébastien Windsor, Pascal Canfin et Valérie Pecresse, pour débattre sur la manière de réussir ce défi. Il a été abordé, notamment pour l’Ile-de-France, une stratégie agricole qui doit passer par la maîtrise foncière, la préservation des terres agricoles et la reconquête des friches industrielles. Une création de valeur ajoutée nécessaire dans un contexte où la région est actuellement celle qui reçoit le moins de fonds européens. La volonté de passer de 3% de consommation local en IDF à 15%, la création des ventes directes à la ferme, le click and collect pour renforcer la proximité entre les agriculteurs et les citoyens. Il y a une très forte pression sur la transformation agricole et sur l’économie, basé sur plus de revenu, de protection et de transformation des pratiques, c’est un triangle de compromis et de contrat social qu’il faut passer. La nécessité et l’efficacité de la PAC (342 milliards d’euros) qui sera finalisée dans 10 jours et qui permettra d’orienter la politique pour les 7 prochaines années. Défendre une agriculture familiale et réussir un renouvellement des générations (46% des agriculteurs vont partir à la retraite d’ici 2020). Porter le sujet des clauses miroirs à Bruxelles, faire obstacle au MERCOSUR. Trouver de nouvelles bases juridiques sur les produits extérieurs (par exemple pour interdire les produits contenants des résidus de pesticide interdit en France). Renforcer le contrôle des importations et nous assurer que tous les ports appliquent ce même contrôle. Il faut des normes européennes uniformes. Investir dans de la transformation de proximité, créer de la valeur sur l’exploitation. Protéger des aléas climatiques, du foncier, du revenu. Préserver nos ressources. Transmettre nos savoirs faires. Freiner la perte de biodiversité (au Brésil par exemple) en ayant un plan protéine ambitieux. Ces normes sont vécues comme des contraintes pour les agriculteurs mais on doit les transformer en opportunités.

Regards croisés entre Dominique Seux et Christiane Lambert

Cet échange a permis de débattre autour des réponses de Christiane Lambert sur des questions de perte de la bataille culturelle et de compétitivité de la France. L’intérêt de relativiser les éléments et de renforcer l’image des agriculteurs face aux attaques de certains environnementalistes, animaliste. La reconstruction et le tissage de lien par les cantines scolaires, le projet alimentaire territorial (PAT), la journée nationale de l’agriculture. Il faut expliquer que derrière l’agriculture il y a des agriculteurs, pourquoi nous avons une alimentation saine de qualité, former les agriculteurs à expliquer que agriculture et écologie font bon ménage. Mais également d’expliquer que les prix des produits alimentaires augmentent pour nourrir plus de monde et en meilleure qualité, en réponse à une demande. Enfin ce fut l’occasion de revenir sur les rapports de forces entre les différents acteurs (la grande distribution, les industriels, les agriculteurs) et l’importance des clauses miroirs ainsi que l’opportunité d’amélioration des filières possibles par l’une des mesures du plan de relance.

Intervention du Président Emmanuel Macron qui répond aux agriculteurs

Le président est revenu sur la question de la rémunération des agriculteurs grâce à loi Egalim qui a permis de prendre en compte la construction du prix avec des indicateurs (comme par exemple pour la filière du lait), et pour celle pour qui cela n’a pas fonctionné, de constater un problème d’organisation pour (comme pour la filière du bœuf). Il a également abordé un projet de loi qui visera à favoriser la pluri annualité, réussir à ce  que le prix soit fait à partir des coûts fixes et de la juste rémunération du producteur, prenant en compte le coût supplémentaire du transformateur. La PAC (9 milliards d’euros par an) a été décrite comme une chance ainsi que l’Europe vu comme marché domestique, un moyen de différencier notre modèle. Renforcer notre compétitivité hors-coût, valoriser la qualité nutritionnelle et environnementale de notre produit est essentiel. Lutter contre la concurrence déloyal, notamment sur le sujet des phytosanitaires. « Aujourd’hui nous sommes gagnant au CETA et nous ne ratifierons pas le MERCOSUR car quand on demande des efforts aux agriculteurs en matière environnementale ou social, on doit avoir des échanges commerciaux avec des gens qui font les mêmes agricultures que nous ». Le président veut reformer l’assurance récolte. Sur les phytosanitaires, le président se dit pragmatique : « pas d’agriculteur sans solution » et a rappelé les alternatives comme la pratique mécanique qui peuvent être financées par le plan de relance. Il faut faire de la recherche, fusionner des structures existantes, de l’aide à l’investissement. Concernant la viande à la cantine scolaire il faut proposer de la viande de qualité, française et surement moins en quantité. Concernant le bien-être animal : « les éleveurs se préoccupent de leurs animaux, il ne faut pas les opposer, ce qu’il faut c’est revoir les abattoirs et le plan de relance permet également de reformer cet outil ».

La plateforme reste ouverte pendant un an pour alimenter le débat sur le site du Grand Rendez-vous.

 

Axelle GUERIN - Service Civique à la Chambre d'agriculture de Région Ile-de-France