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Récolte 2021 : Tendances des résultats économiques et financiers et impact de la hausse des intrants pour 2022

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La récolte 2021 se terminant, il semble pertinent de connaître la tendance des résultats sur la campagne. Une projection des résultats est d’abord présentée suivie par une simulation de l’impact de la hausse des intrants pour la campagne à venir. Les sources d’informations à la base des analyses sont de deux types :

  • Des projections réalisées par le CAERIF, centre d’expertise comptable sur la région IDF Ouest, qui extrapole sur 2021 les variables prix et rendements observés en 2019 et 2020 à partir d’un échantillon de 80 exploitations d’une surface moyenne de 200 ha en cultures conventionnelles.
  • Une approche des résultats constatés par le pôle gestion & stratégie de la CARIDF sur des dossiers en suivi de gestion personnalisé, sur les départements IDF Ouest.
Projection des résultats

Les résultats présentés ci-dessous nous indiquent que l’année 2021 est une bonne année pour les agriculteurs franciliens.


Les rendements de cette campagne 2021 sont heureusement supérieurs aux rendements de 2020 pour l’ensemble des cultures. Ces rendements sont suffisamment bons cette année pour être supérieurs aux rendements de l’année 2019 pour la majorité des cultures à l’exception du pois et du blé dur. Les prix de commercialisation sont également largement supérieurs à ceux des années 2019 et 2020. La conjoncture est donc dans l’ensemble très favorable même si la qualité des grains n’est pas toujours au rendez-vous. Du fait des conditions météorologiques difficiles et notamment des nombreuses pluies pendant l’été, le poids spécifique des blés tendre est souvent trop faible. La qualité des blés durs est également en forte baisse.


Néanmoins, cette conjoncture favorable doit permettre aux exploitations agricoles de dégager des produits bruts importants. Pour l’ensemble des cultures les produits bruts sont largement supérieurs à ceux de l’année 2020 et supérieurs à ceux de l’année 2019. Toutefois, au regard du contexte économique actuel, il est conseillé de limiter les investissements dans du nouveau matériel. En revanche il semble pertinent de rattraper certains travaux d’entretien d’ici la fin de l’année pour limiter l’impact fiscal sur le résultat de l’année 2021.

Simulations du seuil de commercialisation

Le chiffre d’affaires seul ne permet cependant pas d’évaluer la santé économique d’une exploitation. D’autres indicateurs sont nécessaires pour servir d’aide à la décision. C’est le cas du seuil de commercialisation. Il correspond au point d’équilibre de trésorerie, c’est-à-dire pour une production donnée, le montant par tonne qui permet de couvrir l’ensemble des dépenses (charges opérationnelles des cultures, dépenses de structure, annuités et prélèvements privés). Ce seuil de commercialisation ne prend pas en compte les aides et est à comparer au prix de vente.

Les simulations sont réalisées pour la culture du blé dans une exploitation représentative des exploitations franciliennes. La première simulation correspond à la projection du prix d’équilibre pour l’année 2021.


Le prix d’équilibre pour cette exploitation est de 157 €/t de blé tendre. Avec les cours actuels du blé cette exploitation dégage donc une importante trésorerie avec cette production. Cependant on remarque également que la hausse des intrants risque d’avoir un impact important sur les exploitations l’année prochaine. La deuxième simulation est obtenue avec une hypothèse de doublement du prix de l’azote et d’augmentation de 60% du prix du fuel par rapport à 2020. Le contexte général (rendement et prix) de 2021 est conservé. On remarque qu’avec ces hypothèses le prix d’équilibre du blé augmente de 15% et atteint 182 €/t.

Dans le cas d’une année moyenne (rendement moyen olympique sur 5 ans en Île-de-France de 7,7 t/ha et prix moyen sur 5 ans de 160 €/t) l’impact de la hausse des intrants serait encore plus fort. Le prix d’équilibre augmenterait de 27% par rapport à 2021 pour atteindre près de 200 €/t. Dans ce cas la consommation de trésorerie serait similaire au gain de trésorerie effectué en 2021. Les aides ne compenseraient pas la perte car leur montant moyen équivaut à 230 €/ha soit pour un rendement de 7,7t/ha à 30€/t.

La Chambre d’agriculture vous suggère :

  • De mesurer l’impact de la hausse des matières premières (azote, carburants, métaux) sur votre exploitation en fonction des critères intrinsèques à votre conduite d’entreprise : financement des investissements, niveau des prélèvements privés…
  • De privilégier dans les leviers d’optimisations fiscales et sociales les mesures de lissage de ce revenu exceptionnel, et de bien calibrer l’épargne de précaution (DEP) en fonction des priorités retenues en termes de stratégie de gestion de l’ensemble des risques et les besoins en trésorerie pour financer votre besoin en fonds de roulement.

Si vous voulez poursuivre cette analyse au niveau de votre entreprise, et savoir comment mesurer l’impact des hausses sur vos seuils de commercialisation et donc votre trésorerie, savoir comment les absorber et comment s’y préparer, la Chambre d’agriculture peut vous accompagner. Pour cela un seul numéro celui du pôle gestion et stratégie au sein du service Vie de l’entreprise,  auprès de son responsable Pierre-Jean MOIA au 06.72.76.07.42 / mail : pierre-jean.moia@remove-this.idf.chambagri.fr.

Pierre-Jean MOIA
Responsable du pôle gestion & stratégie
Service Vie de l’entreprise

Simon BENZONI
Chargé d’études économiques
Service Economie et Filières